La guérison par la méditation : soigner les symptômes ou soulager la douleur ?

Par Guillaume Kac – 11 août 2021

Une femme pratiquant la méditation, symbolisant la guérison, le soulagement des symptômes et la gestion de la douleur par la méditation.

Depuis une quarantaine d’années, la méditation sort peu à peu des monastères pour s’immiscer dans des institutions de soin. Elle a notamment fait son apparition à l’hôpital. Preuve que méditation et guérison peuvent être reliées, même dans notre médecine occidentale d’inspiration cartésienne. Mais est-il vraiment réaliste de compter sur le pouvoir de cette pratique de l’esprit pour soulager notre corps ?

Méditer à l’hôpital

C’est aux États-Unis que tout commence. En 1979, le docteur en biologie moléculaire Jon Kabbat-Zinn, lui-même adepte du yoga et de la méditation, met au point le programme MBSR (Mindfulness-Based Stress Reduction – Réduction du Stress basée sur la Pleine Conscience). Constatant l’accélération de nos rythmes de vie, il décide de créer ce programme de réduction du stress. Pour commencer, il le met en œuvre au sein de l’hôpital universitaire du Massachusetts avant de fonder la première clinique de réduction du stress.

« C’est un programme qui m’a tout de suite parlé » explique Corinne Isnard Bagnis, professeur de néphrologie (spécialité visant à prévenir, diagnostiquer et soigner les maladies rénales) et enseignante de méditation de pleine conscience.

« Le MBSR est un programme parfaitement structuré autour d’un cycle de 8 semaines d’enseignement. Avec son approche beaucoup plus scientifique, Jon Kabat-Zinn a vraiment su allier méditation et médecine. Et en dissociant son programme de l’enseignement du bouddhisme, devenant ainsi laïque, il lui a permis d’entrer à l’hôpital. »

Après avoir découvert cette pratique à titre personnel, elle réalise qu’elle pourrait bénéficier à ses patients atteints de maladies chroniques. En 2012, malgré le scepticisme de nombreux confrères, la spécialiste décide d’intégrer la méditation à son arsenal thérapeutique.

Après avoir découvert cette pratique à titre personnel, elle réalise qu’elle pourrait bénéficier à ses patients atteints de maladies chroniques. En 2012, malgré le scepticisme de nombreux confrères, la spécialiste décide d’intégrer la méditation à son arsenal thérapeutique.

Méditation et guérison : la France rattrape doucement son retard

« On propose ces sciences contemplatives laïques dans un environnement médical. Ces techniques permettent de traiter, le stress, l’anxiété, les douleurs chroniques et la dépression », poursuit Corinne Isnard Bagnis.

Lorsqu’elle lance son programme il y a 15 ans, la démarche est encore assez exceptionnelle. Quelques années plus tôt, un certain Christophe André, psychiatre à Saint-Anne, décide d’intégrer la pleine conscience dans son hôpital. Le MBCT, Mindfulness-Based Cognitive Therapy for Depression, un programme inspiré de celui de Jon Kabat-Zinn à destination de patients traités pour leur dépression.

Aujourd’hui, on retrouve également ces pratiques dans le service d’anesthésie de l’hôpital Kremlin-Bicêtre. « En 2014, l’APHP annonçait que l’offre de médecine complémentaire organisée dans les services de soins concernait plus de quinze traitements », écrivent Christophe André et Michel Le Van Quyen dans leur livre Les pensées qui soignent.

« Aujourd’hui, il est important que les professionnels de santé connaissent ces médecines complémentaires (phytothérapie, médecine chinoise, méditation etc…), explique Corinne Isnard Bagnis, car leurs patients les utilisent quoi qu’il arrive. Il faut donc pouvoir les orienter dans cette prise en charge non conventionnelle et les prévenir des risques si besoin. »

C’est pourquoi, depuis 2015, elle propose un diplôme universitaire intitulé « Méditation, gestion, du stress et relation de soin ». « L’idée, explique-t-elle, c’est, par l’apprentissage de la méditation, de métamorphoser la relation de soin (plus d’empathie et de bienveillance de la part du soignant), tout en prenant soin de la santé mentale des soignants en réduisant leur stress. »

Mais concrètement, la méditation peut-elle favoriser la guérison ?

« En réalité, on ne fait pas disparaître les symptômes, mais la façon dont on les perçoit. C’est très cohérent avec ce qu’est la méditation de pleine conscience qui est une véritable école de l’acceptation », explique Corinne Isnard Bagnis. « À ce sujet, les études les plus intéressantes sont celles qui ont été faites sur la douleur chronique, les troubles du sommeil, le stress, l’anxiété et la dépression. »

En effet, de nombreuses études dans le domaine des neurosciences se sont intéressées à l’impact de la méditation sur le cerveau. Elles révèlent notamment que la pleine conscience améliore la qualité de vie des douloureux chroniques, mais sans atténuer la douleur. De la même façon, la méditation améliore la qualité de vie des insomniaques, mais sans augmenter leurs capacités de sommeil.

Photo : Shutterstock

« Pour les douloureux chroniques c’est très intéressant. Au moment où survient la douleur, il s’agit de questionner son ressenti, sans entrer en rumination. Si vous commencez à avoir mal au dos et que vous commencez à anticiper sur les dérives que cela pourrait engendrer, vous allez créer un stress qui risque bel et bien de créer un problème, lombalgie aiguëblocage etc. »

La méditation pour prévenir plutôt que guérir

Si la méditation n’est pas un outil de guérison à proprement parler, ne pouvant se substituer aux soins conventionnels, elle demeure malgré tout une alliée de choix. C’est notamment une pratique intéressante pour prévenir certaines maladies ou leur récidive.

Comme l’expliquait Christophe André à nos confrères de Sciences et Avenir « s’agissant de dépression, la pleine conscience a plutôt sa place dans la prévention des rechutes. Lorsqu’on a appris à pratiquer la méditation, on a moins tendance à ruminer, à se faire piéger dans ses humeurs tristes. Lorsqu’un moment de vie difficile va survenir, on sera davantage capable d’avoir du recul, de le prendre pour ce qu’il est et non pour ce qu’on imagine qu’il représente ou qu’il va nous attirer comme ennuis. »

Au niveau de la gestion du stress aussi, la méditation se fait l’écho du célèbre adage “mieux vaut prévenir que guérir”. En effet, il est depuis longtemps reconnu que le stress favorise l’apparition de certaines pathologies comme les problèmes digestifs, des lésions cutanées comme le psoriasis ou l’eczéma ou encore des troubles cardiovasculaires.

Ainsi, en réduisant le stress, la pratique de la méditation permet d’enrayer l’apparition d’un certain nombre de troubles. Des études, dont une menée par Elizabeth Blackburn (prix Nobel de médecine), suggèrent même qu’une pratique intensive de la méditation permettrait de ralentir le vieillissement des cellules.


La méditation n’est donc ni un médicament, ni une baguette magique. Pourtant, son pouvoir sur l’esprit et sur nos ressentis est bien réel. Il est donc essentiel d’aborder cette pratique avec justesse, sans attendre de miracles… Même si dans le cas de certaines maladies sa pratique peut avoir un effet bénéfique sur le patient. Vous avez envie de vous y mettre ? 

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